Chmura Sophie, « Rennes en couleurs 1898-1899 », cartes-postales de Rennes ou d'ailleurs, mis en ligne le 7 février 2019. http://cartes-postales35.monsite-orange.fr, consulté le
Cet article contient des images issues des collections du Musée de Bretagne à Rennes (Marque du domaine public)
La majorité des cartes postales anciennes ont été imprimées en phototypie [1], technique inventée au 19ème siècle qui permet de restituer tous les détails d’une image avec une grande précision. Mais ce procédé ne permettait pas de reproduire les couleurs naturelles.
[1] Appelée aussi photocollographie, héliotypie, albertypie, collotypie, la phototypie est un procédé d’impression de grande qualité, à l’encre grasse au moyen de gélatine bichromatée et insolée. Sur la technique de la phototypie voir l’article Chmura (S.), « Les Frères Vassellier, phototypeurs à Nantes », cartes-postales de Rennes ou d'ailleurs, mis en ligne le 28 septembre 2018. http://cartes-postales35.monsite-orange.fr http://cartes-postales35.monsite-orange.fr/page-5bad291746e8a.html
En 1898 à Rennes, la plupart des cartes-postales en vente sont des cartes « nuage » imprimées en noir. Comme beaucoup de papetiers Rennais[1], le libraire Edmond Mary-Rousselière (1874- ?)[2] vend des cartes postales de la Maison Neurdein avec la mention en marge « Mary-Rousselière, Rennes » et en bas à droite ou après la légende « NDPhot ».
Étienne et Louis Neurdein
En 1861, Étienne Neurdein (Paris, 3 décembre 1832 - 27 février 1918)[3] débute sa carrière comme employé photographe[4]. En 1864, il crée un atelier de photographie 4 rue des Filles Saint-Thomas à Paris. Il le déménage en 1868, 28 boulevard de Sébastopol.
Son frère, Louis Antonin Neurdein (Paris, 20 janvier 1846- 30 juillet 1914), qui était photographe 37 boulevard de Strasbourg en 1863[5], collabore avec lui à partir de 1866.
Jusqu’en 1870, ils éditent des portraits historiques et font des travaux de portraits.
En 1871, ils abandonnent le portrait pour se consacrer exclusivement à l’édition photographique par procédés aux sels d’argent de vues pittoresques et artistiques sur la France, l’Algérie, la Tunisie et la Belgique. Ils constituent alors un fond de photographies utilisées pour de nombreux livres, guides touristiques et périodiques, notamment des articles du Monde illustré auquel les frères Neurdein collaborent régulièrement dès 1878.
En 1882, Étienne vend à Antonin et à son épouse, Marie Madeleine Leggeretti, le fond de photographie éditeur situé 28 et 28bis boulevard de Sébastopol pour la somme principale de 107 275 francs[6]. Entre 1883 et 1887, Antonin Neurdein met en vente des carnets imprimés réalisés d’après des photographies. En 1884, il adhère à la Société française de photographie et y reste dix ans.
En 1887, les deux frères créent une nouvelle société en nom collectif « Neurdein Frères » ayant pour objet la production, l’édition et la vente en France et à l’étranger, d’œuvres photographiques et tous produits s’y rattachant, établie pour une durée de 30 ans, au capital de 164 680,60 francs[7]. La société est installée 52 avenue de Breteuil, puis, en 1900, une annexe est créée pour la production de cartes postales rue Miollis. Avant 1887, la grande majorité des photographies étaient prises par Étienne Neurdein, par la suite, elles étaient effectuées par des opérateurs ou par l’achat de négatifs à des photographes locaux.
Dans les années 1890, la production de cartes postales en phototypie remplace petit à petit celle de photographies argentiques. Entre 1893 et 1896, la Maison Neurdein publie essentiellement des cartes postales de Paris et de quelques villes du sud de la France. Le fond photographique est régulièrement mis à jour grâce à des campagnes régulières de prises de vue. L’entreprise, grâce à la richesse de ses collections, prend une position dominante sur le marché de l’image. De 1898 à 1913 environ, elle s’occupe d’ailleurs de la gestion des négatifs des Monuments Historiques.
Entre 1915 et 1917, Étienne dirige la société avec la veuve d’Antonin sous la raison sociale Neurdein et Cie.
Après la mort d’Étienne Neurdein, la société est achetée par l’imprimerie Crété[8]. Toutes les mentions ND et LL réunis, c’est-à-dire Neurdein et Léon Lévy réunis, sont postérieures à 1923.
Mais Mary-Rousselière est apparemment le seul à vendre des cartes-postales colorées élaborées à partir des photographies du fond Neurdein. Ce sont des cartes « Souvenir de Rennes » publiées par Carl Künzli de Zurich.
Carl Künzli
En 1889, Karl Künzli dit Carl Künzli (Zurich, 31 décembre 1862 – 8 janvier 1925) fonde un commerce de papeterie en gros et détails à Zurich[9] avec l’aide financière de ses oncles Anton (1847-1919) et Josef Künzli (1851-1929)[10]. Il fait imprimer des cartes postales par le lithographe Emil Pinkau (Thonberg, 10 janvier 1850 – Leipzig, 22 juillet 1922) à Liepzig qui avait fondé le 1er octobre 1873 l’entreprise « Lithographic Art Institute Emil Pinkau »[11].
En 1899, Carl Künzli vend son entreprise à ses oncles qui décident de sous-traiter le secteur des cartes postales et fondent le groupe « A.-G. Postkartenverlag Künzli », nom qu’ils traduisent par« Société Anonyme Cartes postales Edition Künzli Zurich ». Carl en occupe le poste de directeur jusqu'en 1903, année où il devient le directeur général de la maison d’édition créée par son épouse, Bertha Tobler et sa belle-sœur Elisabeth Tobler. Cette entreprise prend le nom de « Carl Künzli-Tobler ».
À sa mort, son fils Max Joseph (1890-1966) lui succède. La société reste inscrite au registre du commerce jusqu’en 1974 grâce à Raymond Künzli (1930-2012), fils de Max. Les archives de la société Carl Künzli-Tobler et Max Künzli, qui regroupent environ 9 000 photographies se trouvent dans la collection graphique et les archives photographiques de la Zentralbibliothek Zürich.
[1] Papeterie Dubois, 7 place du Palais.
[2] Edmond Émile René Mary-Rousselière
Employé de commerce, papetier-libraire, éditeur, négociant
Né à Sillé-le-Guillaume le 20 février 1874, fils d’Émile Marie René Mary-Rousselière, pharmacien (Loué, 31 mars 1845 – ?) et Louise Clémentine Prévost, sans profession (Bonnétable, 18 janvier 1853 - ?, mariés au Mans le 23 novembre 1872.
Marié 1°) à Pruillé-l’Éguillé le 27 avril 1897 avec Ernestine Marie Anne Godefroy (Pruillé-l’Éguillé, 1er juillet 1873 – Rennes, 28 octobre 1898 ; 2°) au Mans le 1er août 1899 avec Marie Louise Guittet (Le Mans, 8 décembre 1873 – Talence, 13 décembre 1949).
Décédé avant 1949.
Entre 1894 et 1897, Mary-Rousselière exerce comme employé de commerce en librairie à Paris. En 1897, il reprend le fonds de la librairie papeterie 2 rue de Berlin à Rennes d’Aimée Anne Marie Gléron (Saint-Malo-du-Phily, 24 juillet 1837 –Rennes, 17 mars 1922) dite Veuve Perreaux. Elle avait succédé à son mari Achille Perreaux. Louis Charles Achille Perreaux (Saint-Ellier-les-Bois, 11 juillet 1838 - Rennes, 16 novembre 1893) avait reçu son brevet de libraire en 1865 en remplacement du Sieur Julien Jean Joseph Brizard, démissionnaire en sa faveur. En novembre 1873, il adjoint à sa librairie 4 rue de Berlin une imprimerie en lettres.
[3] Fils de Jean Adolphe César Neurdein (Paris, 26 mars 1806 – 27 mars 1867), architecte, photographe (37 boulevard de Strasbourg à Paris) et Adélaïde Éléonore Lecocq (Paris, 11 avril 1811-1911), ouvrière en linge.
[4] Archives Nationales : Minute du notaire Émile Fourchy. Contrat de mariage sous le régime de la communauté de biens entre Étienne Neurdein, employé photographe, demeurant 37, boulevard de Strasbourg, et Julie Henriette Grégoire, ouvrière en robe, demeurant 398, rue Saint-Denis. Mariage à la mairie du 2e arrondissement de Paris. MC/ET/LVIII/807 - MC/ET/LVIII/889, MC/RE/LVIII/22 - MC/RE/LVIII/25 - MC/ET/LVIII/849
[5] Archives Nationales : Minutes du notaire Émile Fourchy. Dissolution de la société Charlet & Jacotin créée par acte sous seing privé le 15 janvier 1863 à Paris, entre Louis Charles Jacotin, photographe, demeurant 37, boulevard de Strasbourg, et les héritiers de Jean César Adolphe Neurdein dit Charlet, Adélaïde Éléonore Lecocq, sa veuve, Étienne Neurdein, photographe, demeurant 8, rue des Filles-Saint-Thomas, Louis Antonin Neurdein, photographe, demeurant 37, boulevard de Strasbourg, et Cécile Neurdein, épouse de Louis Marie Lerochais, professeur de musique, demeurant 11, place de la Bourse. MC/ET/LVIII/807 - MC/ET/LVIII/889, MC/RE/LVIII/22 - MC/RE/LVIII/25 - MC/ET/LVIII/871.
[6] Archives Nationales : Minutes du notaire Alexandre Paul Cocteau. Vente par Étienne Neurdein, photographe, demeurant 26, avenue Duquesne, à Louis Antonin Neurdein, photographe, et Marie Madeleine Leggeretti, son épouse, demeurant, 28, boulevard de Sébastopol, d'un fonds de photographie éditeur situé 28 et 28 bis boulevard de Sébastopol, pour la somme principale de 107 275 francs. Dépôt de l'état des marchandises. MC/ET/LVIII/890 - MC/ET/LVIII/1055, MC/RE/LVIII/25 - MC/RE/LVIII/29 - MC/ET/LVIII/948. Marchandises en cours de fabrication :
30 douzaines de plaques au gélatino-bromure d'argent à 20 francs------------ 600.
40 douzaines de plaques au gélatino-bromure d'argent à 16 francs------------ 640.
Divers produits chimiques tels que alcool, éther, vernis, bains, sels, etc. ----------- 125.
2 kilogrammes de nitrate d'argent à 130 francs le kilogramme---------------- 260.
25 grammes de chlorure d'or à 2,50 francs le kilogramme---------------- 62,50.
2 rames de papier albuminé à 100 francs ------------------------ 200.
100 kilogrammes de papier d'emballage à 0,90 centimes---------------- 90.
bristols tous formats pour montage des épreuves-------------------- 2 600.
reliures, cartons, papier percaline---------------------------- 385
[7] Archives Nationales : Minutes du notaire Alexandre Paul Cocteau. Création et dépôt des statuts d'une société en nom collectif par Étienne Neurdein, photographe, demeurant 26, avenue Duquesne, et Louis Antonin Neurdein, photographe, demeurant 28, boulevard de Sébastopol, ayant pour objet la production, l'édition et la vente en France et à l'étranger, des œuvres photographiques et tous produits s'y rattachant, sous la raison sociale Neurdein Frères, établie pour une durée de 30 ans, au capital de 164 680,60 francs, siège social situé boulevard de Sébastopol. MC/ET/LVIII/890 - MC/ET/LVIII/1055, MC/RE/LVIII/25 - MC/RE/LVIII/29 - MC/ET/LVIII/976
[8] L’Imprimerie Crété a été créée à Corbeil par Louis Simon Crété (Paris, 25 mars 1802 – 1900) en 1829 qui avait racheté une imprimerie de la rue de la Poterie. À la fin du 19ème siècle, près de 500 salariés y sont employés. Jules Anselme Crété (Corbeil, 14 février 1837 – 18 février 1899) succède à son père. Son fils Jean Victor Pierre Édouard Crété (Maisons-Laffitte, 27 octobre 1863 - ?), imprimeur en gravure et typographie, prend sa suite. En 1980, l’entreprise devient une filiale du groupe Hachette et prend le nom d’Hélio Corbeil et se spécialise dans l’héliogravure.
[9] Freiburghaus (R.), « Die Zürcher Künzli-Verlage – 85 Jahre Schweizer Ansichtskarten-Geschichte », in Sammler-Anzeiger, novembre 2016, p. 6. Anton et Josef Künzli, investissent dans le projet de Carl Künzli à hauteur de 15 000 francs.
[10] Anton et Josef Künzli
En 1879, les frères Künzli sont implantés comme marchand d’art à Zurich et à Paris rue Hauteville. Ils ont une succursale rue Lagrange à Turin.
En 1882, ils sont connus comme des spécialistes de l’oléographie (procédé d'impression sur papier de toile, imitant la peinture à l'huile).
En 1883 ils s’installent 9bis rue des Petites-Écuries à Paris.
En 1884, leur succursale française est déménagée 132 faubourg Saint-Denis. Les Frères Künzli sont alors répertoriés comme produisant des chromolithographies.
Dès le début des années 1890, ils font produire leurs lithographies sous le nom de « Gerb. Künzli » ou « Künzli Frères » par l’imprimeur Müller & Trüb à Aarau.
En 1897, ils achètent tous les assortiments de cartes postales faites à Aarau.
En 1899, ils reprennent l'entreprise de leur neveu, Carl Künzli.
En 1901 ils sont présentés comme éditeurs de beaux-arts 9 rue Taylor dans le 10ème arrondissement de Paris. Leur publicité précisent qu’ils sont « éditeurs de beaux-arts même maison à Zurich (Suisse), Barcelone, Turin ; Héliogravures, photogravures, photographies, chromolithographie ordinaire et artistique, études de peintures, cartes postales illustrées » (Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers, Firmin Didot et Bottin réunis, 1901, p. 1329).
En 1902, l’Annuaire du commerce et de l’industrie photographique présente Kunzli Frères comme une maison d’édition « de cartes postales en noir et en couleur ; vues de tous pays et fantaisies » (Annuaire du commerce et de l’industrie photographique, 1902, p. 97).
Quand leur neveu les quitte en 1903, ils publient des cartes postales illustrées sous les noms de « Gebr. Kunzli », « Kunzli Frères », « Fratelli Kunzli » et « Kunzli Brothers ». De 1901 à 1906, ils dirigent également leur propre magasin de lithographie nommé « Kunsli AG Kunstanstalt am Unteren Mühlesteg ».
En 1907, leur succursale française a été déménagée 13 rue du Sentier à Paris. Leur publicité stipule qu’ils ont « le plus vaste et le plus bel assortiment en estampes, gravures de tous formats pour l’encadrement. Articles riches et rayon spécial pour la publicité » (Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers, Firmin Didot et Bottin réunis, 1907, p. 1749).
En mars 1911, la société anonyme d’édition de Beaux-Arts Kunzli frères 77 rue Richer est cédée à Schwarzenbach (Archives commerciales de la France, 18 mars 1911, p. 365).
[11] Pinkau qui était spécialisé dans les vues photolithographiques, se considérait comme un des pionniers de la carte postale : ses en-têtes annoncent qu’il est spécialisé depuis 1879 dans les grandes éditions de cartes postales, d’ailleurs dans un article daté d’octobre 1918, il explique avoir fait imprimer le 15 juillet 1870 un paysage sur une carte postale (Pinkau (E.), « Die Ansichtspostkarte, ihre Entstehung und Verbreitung », in Deutsches Steindruckgewerbe, n°19-20, 15 octobre 1918, p. 9).
En 1899, les cartes postales de la Maison Neurdein sont toujours les plus faciles à trouver dans Rennes. En juillet, près d’un mois avant que le procès de révision d’Alfred Dreyfus[1] soit ouvert devant le Conseil de guerre, de nombreux journalistes et curieux découvrent la ville, du moins une petite partie, comme le stipule le texte de Cinq semaines à Rennes[2], largement inspiré des articles du Journal des débats politiques et littéraires écrits par Eugène Ripault (Bordeaux, 21 septembre 1858 – Paris, 15 janvier 1924) :
« Rennes ! La ville indifférente et terne, qui a oublié sa vieillesse et dont la grisaille même ne nous évoque rien. Maisons modernes, aux pierres bien alignées, magasins à l’instar de Paris, cafés dernier genre, et hôtels construits « dans un but d’élégance et de confort », nous disent les prospectus et les guides que nous feuilletons avant d’arriver. Et tout de suite, au débarqué, l’impression de froideur hostile qui se dégage de la ville nous saisit et nous glace. Un grand boulevard régulier qui mène vers la ville s’ouvre devant nous. Et ceux que des souvenirs historiques, des légendes littéraires hantaient, s’étonnent et cherchent vaguement, inconsciemment les traces du passé que ne peut manquer de garder enseveli l’antique capitale du duché de Bretagne. Mais la vieille cité est plus loin, nous sommes dans les quartiers neufs, et bientôt l’émotion qui se dégage des vieilles rues et des lieux anciens va surgir. Attendons. Voici la ville Godard, la maison où Mme Dreyfus, depuis déjà six semaines, attend confiante dans sa vaillance et rassurée dans sa foi. De hauts murs, un portail de fer, laissent entrevoir les grands arbres qui l’abritent aux après-midi surchauffés, que lui laissent ses visites à la prison toute proche. Et plus loin la prison militaire, le lycée, que nous retrouverons à chaque instant pendant les étapes du procès, le lycée qui désormais reste historique pour avoir vu se dérouler entre ses murs, les plus prodigieux débats judiciaires du siècle […] Et c’est tout ! Lequel de ceux qui assistèrent au procès de Rennes et vécurent ces cinq semaines de la vie anxieuse et de fièvre qui fut la vie de tous, garde un net souvenir, un souvenir très vivant d’autre monument que du lycée et d’autres heures que des heures d’audience ? D’ailleurs la ville indifférente et monotone ne ménageait guère de surprises, et seule la promenade du Thabor, ses grands arbres et ses pelouses brûlées, les roses du Jardin des Plantes, et le paysage coupé de haies vives et de grands chênes que l’on y aperçoit, purent quelques instants laisser reposer les esprits, loin du drame quotidien. Encore, si j’en juge par la masse de témoins civils et militaires, la quantité de journalistes et d’assistants qui s’y rendaient, les bruits de conversation entendus, c’était toujours le procès de Rennes qui agitait les cerveaux et tourmentait les consciences. Et le décor restait toujours le même, toujours égal dans sa banalité de ville rajeunie sans intentions. A ceux qui demandaient la Chalotais, on montrait sans enthousiasme, M. Le Bastard, en bronze, ou Leperdit déchirant un parchemin. Le musée possède des coquillages et des pierres, quelques moulages sans intérêt, un portrait de femme que le catalogue attribue sans réelles convictions à Rubens […] Mais il y a encore la maison penchée, dans le quartier des tanneries, devant laquelle je vis M. Bertillon se livrer au calcul des probabilités, afin de savoir quel jour, d'après la courbe et la nature du terrain, les habitants – dont l'âge était un des facteurs du problème - se réveilleraient dans le canal, avec leur habitation sur la tête. Et souvent dans le bruit de cloches, qui toute la journée tintent et carillonnent, au tournant des rues aux pavés herbeux, devant les cloîtres et les couvents qui pullulent, nous nous répéterons sans enthousiasme le mot par lequel nous accueillait Octave Mirbeau[[3]], au premier jour : « Allons ! Rennes est une ville gaie ! » Une ville gaie ? Certes non. Ce fut pendant ces cinq semaines une ville lourde d'angoisses, une ville énervée et fiévreuse, et dans ce décor insignifiant de province ensommeillée, parmi les figures indifférentes des habitants, qui - spéculation à part- semblaient ne pas comprendre et ne pas savoir, on vécut des heures tragiques, et dont la variété perpétuelle empêchait de regretter toute autre villégiature, et laissait sans repos les cerveaux les plus calmes et les cœurs les plus secs »[4].
Quand le procès débute le 7 août, de nombreuses cartes postales Neurdein, en particulier celles du Thabor, de la Maison du Pont Saint-Martin et du Parlement, sont expédiées. Le Musée de Bretagne conserve les cartes achetées chez Mary-Rousselière et envoyées de Rennes par le dessinateur Édouard Couturier (Vincennes, 21 juillet 1869 – Paris, 28 avril 1903) à l’homme de lettre et critique d’art Émile Strauss (Strasbourg, 24 décembre 1865- Paris, inhumé le 7 juin 1939)[5].
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 26 août 1899, carte postale ND Phot 4 RENNES – La Maison dite « Le Château Branlant », numéro d'inventaire : 984.0062.11, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118674
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 27 août 1899, carte postale ND Phot 3 RENNES – Le Palais de Justice, numéro d'inventaire : 984.0062.9, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118673
Correspondance entre Couturier et Strauss du 28 août 1899, carte postale ND Phot 2 RENNES – L’Hôtel de Ville, numéro d'inventaire : 984.0062.5, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118670
Correspondance entre Couturier et Strauss du 29 août 1899, carte postale ND Phot 6 RENNES – Le Jardin des Plantes, numéro d'inventaire : 984.0062.6, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118669
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 4 septembre 1899, carte postale ND Phot 1 RENNES – La Cathédrale, numéro d'inventaire : 984.0062.4, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118679
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 4 septembre 1899, carte postale ND Phot 9 RENNES – La Thabor, numéro d'inventaire : 984.0062.1, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118666
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 9 septembre 1899, carte postale ND Phot 11 RENNES – Palais de Justice, Salle de l’Ancien Parlement de Bretagne, numéro d'inventaire : 984.0062.10, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118678
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 11 septembre 1899, carte postale ND Phot 7 RENNES – Le Quai Duguay-Trouin, numéro d'inventaire : 984.0062.3, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118677
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 13 septembre 1899, carte postale ND Phot 7 RENNES – La salle des Pas-Perdus, numéro d'inventaire : 984.0062.7, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118671
François Édouard Couturier, dit Édouard Couturier
Artiste peintre
Né à Vincennes, le 21 juillet 1869, fils naturel d’Édouard François Couturier (Paris, 5 juillet 1840- ?), maître d’hôtel et de Sophie Bohn (Bassemberg, 18 janvier 1846- ?), cuisinière, mariés à Colombes le 19 juillet 1879.
Partit le 15 novembre 1890 pour le 147ème régiment d’infanterie. Soldat de 2ème classe le 15 novembre 1890. Passé au 91ème régiment d’infanterie le 24 juillet 1891. Envoyé en congé le 24 septembre 1893.Ajourné en 1896, 1897, 1898. Réformé le 13 octobre 1900 pour bacillose pulmonaire.
Décédé à Paris le 28 avril 1903.
Dans La carte postale illustrée – Revue mensuelle de Kartophilie et d’iconologie du mois d’août 1903, Strauss rend un hommage posthume à Couturier : « Le 1er mai 1903, quelques amis conduisaient au champ du sommeil, sous une jonchée de fleurs rouges, un grand artiste Édouard Couturier. Couturier dont le talent spontané s’était affiné à l’école de la vie et de la souffrance, n’était pas seulement le peintre du peuple, à l’âme libertaire et généreuse, le novateur des décompositions sociales, l’adversaire implacable de l’officier et du prêtre, ce n’était pas seulement le virtuose du pastel, expert à évoquer la grâce des minois féminins, il fut également un grand cartographe, il comprit quelle arme terrible pouvait être la carte dans la bataille sociale et il gesta (sic) pendant la tragique affaire Dreyfus, ce chef-d’œuvre intitulé L’Histoire d’un Crime, qui est la seule collection publiée et imprimée en France pendant ces douloureuses convulsions »[6].
Couturier était venu à Rennes pour suivre les débats du procès afin de créer la quatrième série de six cartes postales d’Histoire d’un crime, premières cartes postales caricaturales françaises sur l’affaire Dreyfus[7].
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 10 septembre 1899 (carte postée le 12/09/1899), « Suis en route pour Paris. Je quitte ce pays demain Lundi – Plus que jamais la Vérité sera proclamée. Voici donc trouvée la 4e Série. Amitiés et courage » carte postale ND Phot 10 RENNES – La Rue & l’Église Ste-Melaine, numéro d'inventaire : 984.0062.4, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118667
D’ailleurs, durant son séjour rennais, il envoie aux membres de l’International-Poste-Carte-Club (I.P. C.C.), association créée en 1898 par Strauss[8], plusieurs exemplaires des cartes des deux premières séries.
Musée de Bretagne - N°8 HISTOIRE D'UN CRIME / Par COUTURIER : carte envoyé à Émile Strauss, date illisible, Couturier félicite Strauss « Palmes académiques pour la découverte du + Génie de la Kartophilie + ça c’est trouvé » ; numéro d'inventaire : 984.0062.53, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118004
Musée de Bretagne - N°15 HISTOIRE D'UN CRIME / Par COUTURIER, carte coloriée, numéro d'inventaire : 980.0051.369, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118034
Musée de Bretagne - N°16 HISTOIRE D'UN CRIME / Par COUTURIER, carte coloriée, numéro d'inventaire : 980.0051.370, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118036
Musée de Bretagne - N° 18 HISTOIRE D'UN CRIME / Par COUTURIER, carte coloriée, numéro d'inventaire : 980.0051.372, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118042
Dans son numéro du 17 juillet 1899, le journal L’Aurore signale que « L’auteur des cartes postales l’Histoire d’un crime, notre collaborateur Couturier, se rendant à Rennes, prévient les cartophiles qu’il a dessiné et publié, à l’occasion du procès Dreyfus, une carte postale commémorative. Cette carte, réservée aux seuls souscripteurs, leur sera envoyée directement de Rennes à leur adresse par poste recommandée le jour de l’ouverture des débats. Prix, 1 fr. 50 »[9]. Jusqu’au 25 juillet 1899, il était possible de souscrire afin de recevoir la carte postale commémorative du Procès Dreyfus, aux armes de la ville de Rennes et datée de 1899, aujourd’hui connue par les cartophiles sous le nom de carte violette[10].
Musée de Bretagne - N°15 HISTOIRE D'UN CRIME / Par COUTURIER : carte envoyé à Émile Strauss le 29 juillet 1899, Couturier explique à Stauss qu’il attend encore des souscriptions pour sa carte postales commémorative et qu’il est sur Paris au moins jusqu’au 5 juillet ; numéro d'inventaire : 984.0062.65, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118035
Musée de Bretagne - Carte commémorative, postée le 13 août 1899, numéro d'inventaire : 2006.0012.3, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo116991
Musée de Bretagne - Carte-postale commémorative au recto illustré à la plume par Couturier pour Strauss, 9 août 1899. Verso aux armes de la ville de Rennes, REPUBLIQUE FRANCAISE/VILLE DE RENNES/1899/CARTE POSTALE COMMEMORATIVE/Envoi du dessinateur COUTURIER, numéro d'inventaire : 984.0062.99, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo201956
Dans sa correspondance avec Strauss, Couturier se plaint des cartes postales qu’il trouve à Rennes. Le 10 août 1899, il écrit « Pour cartes commerce nul ici »[11]. Le 20 août, il ajoute « Je suis désespéré du commerce cartophile »[12]. Outre les cartes postales Neurdein, il envoie des cartes aquarellées obtenues à partir des clichés du publiciste Léon Bouët (Nîmes, 7 octobre 1857 – 20 décembre 1911), éditées par La Star Jumelle 7 rue Darboy à Paris.
L'amateur de la carte postale, août-septembre 1899, p. 7. Le nom "Star Jumelle" vient de l'appareil photographique créé par la maison "Lévy et ses fils" et le papetier Albert Bloch qui travaillait 7 rue Darboy à Paris.
Musée de Bretagne : enveloppe qui contenait les cartes postales "Cour de la Prison militaire / Vue de la Prison & de la Rue Duhamel / Relève de la Première Garde de Dreyfus / M. Demange sortant du Conseil de Guerre / Maison de Madame Godard" (dans les collections du Musée de Bretagne voir les cartes 2006.12.4 à 8). Numéro d'inventaire : 2006.0012., permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo116997
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 10 août 1899, RELEVE DE LA 1RE GARDE DE DREYFUS, cliché Léon Bouët, numéro d'inventaire : 984.0062.16, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo120067
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 20 août 1899, MAISON DE Me GODARD, cliché Léon Bouët, numéro d'inventaire : 984.0062.17, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo120066
Léon Bouët
Publiciste à Paris, directeur de Paris-Journal.
Né à Nîmes le 7 octobre 1857, fils de Jean Paul Bouët, confiseur (Lunel, 28 janvier 1815-Nîmes, 4 décembre 1874) et Marie Magdeleine Ravel (Aimargues, 11 mars 1827 – Nîmes, 11 avril 1888), mariés à Nîmes le 2 août 1850.
Marié 1°) à Nîmes le 17 décembre 1879 avec Henriette Augustine Tinel (1858-1904), fille d’Auguste Tinel ( ?-1860) et Jeanne Claude Michaud ( ?-1873), d’où a.) Madelaine Augustine Leontine Bouët (1880-1913), b.) Adrienne Eugénie Marguerite Bouët (1882- ?), c.) Jean-Paul Adrien Auguste Bouët (1883-1915), d.) Marie Alphonsine Bouët (1885- ?) ; 2°) à Neuilly-sur-Seine le 5 janvier 1905 avec Ida Adèle Tarbesse (Besançon, 22 novembre 1862 – Saint-Leu-la-Forêt, 16 septembre 1934), fille de Jean Léon Tarbesse, horloger (1825-1886) et Julie Émilie Guerne (1826-1871), horlogère, d’où e.) Léon Adrien Tarbesse (mort et né en 1885), f.) Lucienne Gabrielle Léontine Tarbesse (morte et née en 1887), g.) Marguerite Blanche Gabrielle Marie-Thérèse Tarbesse (1888-1973), h.) Jane Marie Léontie Tarbesse (1890-1980).
Décédé à Nîmes le 20 décembre 1911
Bouët a été auteur d’articles et de nouvelles, a fondé ou dirigé plusieurs journaux dont le journal financier La Fortune en 1892 et le journal théâtral Les Coulisses en 1894. En 1891, il dirige le grand quotidien Paris-Journal et en 1898 La Petite Presse. Il a collaboré à l’Illustration et à de nombreux médias internationaux. En 1903, l’information photographique, édition commerciale mensuelle de la Photo-revue, le présente d’ailleurs comme reporter-photographe[13]. En 1910, il est président du syndicat de la Presse illustrée. Il a suivi de nombreux voyages présidentiels et ministériels en France et à l’étranger.
En 1899, Léon Bouët est déjà connu pour ses grands reportages accompagnés de photographies instantanées[14]. À l’annonce de la révision du procès Dreyfus, il arrive en Bretagne dans le but d’obtenir des images inédites. D’après son compte-rendu publié dans La Petite Presse du 5 juillet 1899, il annonce avoir photographié les avocats de Dreyfus, Maître Demange et Maître Labori[15].
Le Monde Illustré, 15 juillet 1899.
Musée de Bretagne - M DEMANGE SORTANT DU CONSEIL DE GUERRE, cliché Léon Bouët, numéro d'inventaire : 963.0002.2, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo120071
Le 7 juillet 1899, il se vante : « J’ai fait hier une bonne journée et dont on me permettra bien de m’enorgueillir un peu. Les lecteurs de la Petite Presse et de Paris-Journal savent avec quelle rapidité et quelle sureté je les ai informés jusqu’à ce jour. J’ai été le premier aussi à expédier à l’Agence Nationale les détails les plus complets et les plus authentiques sur le débarquement de Dreyfus. Hier, j’ai fait mieux : j’ai photographié le héros du jour ! Comment j’ai pu parvenir à réaliser ce véritable tour de force de reportage, on me permettra de ne pas le révéler. Mais le cliché est là pour en attester la réalité. Grâce à des relations particulièrement influentes, j’ai pu apercevoir Dreyfus, au moment où il rentrait en prison, après sa promenade dans le préau »[16]. Bouët est à la fois le photographe et certainement l’éditeur des cinq cartes postales en phototypie colorisée qui montrent Maître Demange sortant du conseil de guerre, la cour de la prison, la Maison Godard, la vue de la prison et de la rue Duhamel, ainsi que la relève de la première garde de Dreyfus. À la lecture des articles qu’il publie, ces clichés datent du mois de juillet et les cartes ont dû être imprimées pour l’ouverture du procès début août.
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 9 août 1899, COUR DE LA PRISON, cliché Léon Bouët, numéro d'inventaire : 984.0062.18, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo120068
Musée de Bretagne - Correspondance entre Couturier et Strauss du 22 août 1899, VUE DE LA PRISON ET DE LA RUE DUHAMEL, cliché Léon Bouët, numéro d'inventaire : 984.0062.19, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo201950
Au mois de septembre 1899, d’autres cartes postales sur le procès Dreyfus à Rennes sont imprimées. Outre les cartes postales monochromes de la série de 30 cartes en phototypie vendue chez Warnet-Lefèvre, la série de 10 cartes imprimées par Bergeret à Nancy, la série de 30 cartes imprimées en bistre et en noir sur clichés simili de la Cie Américaine, il existe trois dessins signés (mais dont l’auteur n’est pas identifié), parfois coloriés, de la salle du conseil de guerre de Rennes avec le portrait du commandant Carrière, commissaire du Gouvernement, du croiseur cuirassé « Le Sfax » avec portrait de M. Goffinières de Nordeck, capitaine de vaisseau et de la prison militaire de Rennes. Comme les cartes postales de Bouët, ces cartes étaient colorées à la main.
Musée de Bretagne - Salle du Conseil de Guerre de Rennes et le commandant Carrière, commissaire du gouvernement ; numéro d'inventaire : 980.0051.562, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118087
Musée de Bretagne - Prison militaire de Rennes ; numéro d'inventaire : 980.0051.561, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo118088
[1] Exposition permanente au Musée de Bretagne https://www.musee-bretagne.fr/expositions-et-evenements/laffaire-dreyfus/
[2] Cinq Semaines à Rennes, deux cents photographies de Gerschell, texte de Louis Rogès a été édité par Félix Juven (Paris, 2 octobre 1862 – 26 juin 1947) qui avait déjà fait paraître dans sa revue La Vie illustrée, un numéro spécial intitulé L'Affaire Dreyfus par l'image, 300 illustrations, photographies et documents.
[3] Octave Mirbeau (Trévières, 16 février 1917-Paris, 16 février 1917), critique d’art et journaliste qui a suivi le procès Dreyfus de novembre 1897 à septembre 1899 pour le journal L’Aurore.
[4] L’affaire Dreyfus. Cinq semaines à Rennes, deux cents photographies de Gerschel, texte de Louis Rogès, Paris, F. Juven Éditeur, 1899, p. I-IV.
[5] « Écrivain, essayiste et critique d’art, qui eut son heure de notoriété, dans l’avant-garde littéraire à la fin du siècle précédent. Né en 1865, à Strasbourg, il succéda, en 1890, à Léon Hennique, en qualité de secrétaire de la Bibliothèque Charpentier, et fonda plusieurs revues, notamment le Nouvel écho (1892-1893), la Critique (1895-1913), avec Alcanter de Brahm et Georges Bans, et la Carte postale illustrée (1901) », in Le Temps, 15 juin 1939.
[6] Cité par Perthuis (B. de), « Histoire d’un crime Édouard Couturier et l’affaire Dreyfus », in CPC, n°227, p. 24-29.
[7] Histoire d’un Crime. 18 cartes postales par Couturier, divisées en 3 séries, Paris, 1899. Une quatrième série était annoncée sur le procès de Rennes.
La plupart des cartes postales caricaturales sur Dreyfus avait été jusqu’alors éditées en Allemagne, Italie, Belgique ou Suisse. La plupart datent de 1898. En 1903, dans l’exemplaire numéro 2 de La carte postale illustrée un article explique que les cartes Histoire d’un crime « aujourd’hui introuvables qui ont consacré la réputation de Couturier ont, toutes, été inspirées par la trop fameuse affaire. Il n’est que juste de rappeler dans quelles circonstances le jeune artiste a été amené à prendre position avec la crânerie inhérente à son esprit. Il venait de terminer son service militaire. Signalé pour l’indépendance de son caractère dès son arrivée au corps, un malentendu avec ses chefs avait tourné à l’aigre, de telle sorte que l’existence lui avait été rendue très dure. Passé dans un autre régiment quelques mois avant sa libération, il avait finalement trouvé des officiers sachant apprécier sa droiture et aussi ses qualités d’artiste. Mais les souffrances endurées pendant si longtemps avaient laissé des cicatrices douloureuses dans cette âme délicate. Dès que l’occasion se présenta il donna libre cours à sa rancune ; de là ces dessins d’une audacieuse ironie et la fameuse Histoire d’un crime, en dix-huit cartes-postales […] Couturier était son propre éditeur. C’est chez lui, dans son modeste atelier de la rue Saint-Lazare, que les marchands de cartes postales venaient prendre livraison des trois fameuses séries de l’Histoire d’un crime. Couturier s’était d’ailleurs assuré la sympathie de tous les collectionneurs de cartes postales en imaginant un procédé d’affranchissement, aujourd’hui fort répandu, mais dont l’initiative lui appartient incontestablement ».
[8]En 1898, l’écrivain et critique d’art Émile Strauss crée une association d’échangistes qu’il baptise le « Poste-Carte-Club ». Le but d’Emile Strauss était d’aider à la promotion des cartes de fabrication française face à la concurrence étrangère, notamment allemande. « Une association dont le besoin se faisait vivement sentir vient de se fonder à Paris. C’est une société de collectionneurs de cartes postales illustrées. Son siège est, 7, rue Pierre-le-Grand, et sa raison sociale : International-Poste-Carte-Club (I. P. C.C.) ; elle a pour fondateur notre confrère Emile Strauss, rédacteur en chef de la Critique. La première manifestation (imposante) de cette société est le lancement, dans les tubes parisiens de la première carte pneumatique illustrée, en vertu de l’arrêté du 11 juillet dernier. Un article des statuts porte que les membres de l’I. P. C. C. s’engagent à ne correspondre entre eux que par cartes-postales illustrées. Les cartes transparentes sont interdites », inL’Aurore, 1er août 1898, p. 1.
[9] L’Aurore, 17 juillet 1899, p. 1.
[10] « Affaire Dreyfus 1894-1899. L’heure de la Justice a sonné », tirage limité et numéroté en violet. Il existe aussi des exemplaires tirés en bleu.
[11] Collection du Musée de Bretagne, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo120067
[12] Collection du Musée de Bretagne, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo120066
[13] L'Information photographique : édition commerciale mensuelle de la Photo-revue : feuille de renseignements indispensable aux fabricants et négociants de la photographie, janvier 1903, p. 43.
[14] La presse française au vingtième siècle : portraits et biographies, Paris, E. Flammarion, 1901, p. 148.
[15] La Petite Presse, 5 juillet 1899, p. 1.
[16] La Petite Presse, 7 juillet 1899, p.1.