Histoire de cartes-postales

Au pays d’Armor - 1903

En janvier 1903, 24 cartes-postales intitulées Au Pays d’Armor ont été publiées en nombre limité pour des collectionneurs afin de "soulager la misère bretonne".

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Cet article contient des images issues des collections du Musée de Bretagne à Rennes (Marque du domaine public).

La crise sardinière de 1902

Tout au long du 19ème siècle, que ce soit en Bretagne ou en Vendée, l’activité sardinière, déjà difficile en temps ordinaires, connaît des crises cycliques. Elle est déficitaire, voire nulle, en 1846, 1852, 1858 et 1870. En 1880, débutent six années rudes aussi bien pour les pêcheurs, que pour le personnel des conserveries et des ateliers. Au tournant du siècle, « les grands centres sardiniers bretons sont : Douarnenez qui arme de 775 à 8000 bateaux montés par près de 4000 pêcheurs, prend 800 millions de sardines et 40 millions de boîtes de conserves ; ce port compte 25 ou 30 usines et une soixantaine d’ateliers. Ce sont à peu près les mêmes chiffres de production pour Concarneau, qui compte de 680 à 700 bateaux avec 3,400 à 3,500 pêcheurs, 28 à 30 usines et une dizaine d’ateliers. À Audierne 4,500 pêcheurs montent 500 bateaux et fournissent du poisson à une quinzaine d’usines et à autant d’ateliers, soit 400 millions de sardines et 20 millions de boîtes. Citons encore : Le Guilvinec, avec ses 400 bateaux montés par 1,500 marins, fournissant à quinze usines et à une vingtaine d’ateliers ; puis Port-Louis, qui a 340 bateaux avec 1880 à 1900 pêcheurs, sept usines et autant d’ateliers ; Roscoff, qui compte 4000 bateaux et un millier de pêcheurs ; Etel, avec 200 barques et un millier de sardiniers, possède six usines et autant d’ateliers. Puis viennent, par décroissance, Camaret, Le Palais, Quiberon, Morgat, Douëlan, Kernével, Brest, ect… »[1]

En 1902, les campagnes de pêche sont de nouveau mauvaises. S’ajoute à la pénurie de sardines, les incidents de commercialisation des années précédentes où les pêcheurs « prenaient du petit poisson argenté à pleine barques, si bien que les usiniers étaient débordés et n’achetaient pas le tiers de la pêche –même à vil prix, le plus souvent à 2 et 3 fr. le mille Et le reste s’en allait au fond de la mer, contaminant les vases des arrières-ports et bassins, ou était mis à l’engrais. Alors la sardine, trop abondante, ne payait pas sa « rogue ». Cette mévente était un fléau pour notre littoral… »[2] Plus de 15 000 sardinières et presque le double de pêcheurs se retrouvent au chômage. Si rien ne laisse supposer que la situation soit particulièrement critique par rapport aux crises précédentes, un article publié dans l’Illustration du 5 octobre 1902 alarme l’ensemble de la presse parisienne et le sujet devient une véritable affaire médiatique. Après un court séjour dans le Finistère Sud, le journaliste de l’Illustration écrit : « Concarneau la jolie ville malheureuse. Ce sera cet hiver la grande misère sur la côte bretonne. La saison a été mauvaise et les touristes, les baigneurs sont venus moins nombreux que les années précédentes. La pêche a été pitoyable, la pêche à la sardine surtout. Il va falloir venir en aide à tous ces braves gens si vaillants, si durs à la peine et victimes […] Il est déjà grande misère sur la côte bretonne. »[3] L’information est relayée de manière misérabiliste par plusieurs journaux en quête de sensationnalisme et rares sont les quotidiens qui n’écrivent pas sur « la misère noire, dans sa plus triste expression, dans ces maisons « d’ouvriers de mer », bâties à la hâte pour des cités qui augmentent à vue d’œil en population et d’où est bannie toute hygiène, même la plus élémentaire »[4]. En fait, « la crise de 1902 n’est pas la première du genre, mais c’est la première dont […] on recherche le cas particulier et désespéré ; on répète les mêmes erreurs en les amplifiant ; on dramatise la situation ; on grossit des faits déformés ; on invente des situations épouvantables. Les marins pêcheurs eux-mêmes se prêtent au jeu ; les conserveurs reprennent les faits en les déformant, contribuant ainsi à renforcer la légende »[5]. Dans la Vie Illustrée du 23 janvier 1903, l’écrivain Henry Créard (Paris, 18 novembre 1851 - 16 août 1924) explique même que la misère bretonne « a ému tout Paris, au grand étonnement de la Bretagne qui a seulement appris par les journaux l’ampleur de son infortune »[6].

Des cartes-postales contre la misère en Bretagne

Au mois de décembre 1902, les députés du Finistère Georges Le Bail (Quimper, 15 juin 1857 – 3 février 1937) et Louis Hémon (Quimper, 21 février 1844 – Paris, 4 mars 1914), ainsi que leur confrère morbihannais Pierre-Paul Guiyesse (Lorient, 11 mai 1841 – Paris, 9 mai 1914), présentent une proposition de loi tendant à faire examiner les mesures propres à remédier à la crise sardinière[7]. En faveur des marins pêcheurs, « éprouvés par l’insuffisance des résultats de pêche » [8], ils demandent un secours de 2 millions de francs[9]. Mais le doute s’installe : le publiciste et homme de lettres Théophile Janvrais[10], qui collabore avec plusieurs journaux bretons et parisiens, écrit dans l’Ouest-Éclair du 24 décembre 1902 qu’il n’a « guère confiance dans la générosité parlementaire »[11]. Dans certains journaux bretons, il paraît même évident que ce crédit ne peut pas « être accordé en temps utile – s’il l’est jamais – pour soulager la misère qui s’est abattue sur nos pêcheurs »[12]. Le 13 janvier 1903, le Figaro publie une colonne et demie sur « La misère Bretonne », article qui transcrit l’« appel d’angoisse » des sénateurs et des députés du Finistère pour « que des souscriptions et des fêtes s’organisent pour réaliser des secours importants, qui seront immédiatement distribués »[13]. L’ensemble du texte est repris dans des journaux de province[14], pour expliquer l’effroyable désolation qui ravage la côte bretonne et inciter les souscriptions dans tous les départements.

Dès le 14 janvier, la direction du Figaro reçoit des dons pour les populations du littoral breton. Dans le journal du 18 janvier apparaît la contribution de 200 francs de l’entreprise « Raphaël Tuck et fils » qui déclare dans une lettre à Gaston Calmette (Montpellier, 30 juillet 1858 – Paris, 16 mars 1914), directeur du Figaro : « La détresse dans laquelle se trouvent plongés plus de cent mille pêcheurs bretons a provoqué dans toute la France un admirable élan de généreuse solidarité. Grâce à la presse, en général, et, en particulier, au Figaro toujours au premier rang dès qu’il s’agit de venir en aide à ceux qui souffrent, les secours commencent à affluer de toutes parts. Nous tenons à apporter notre modeste concours à cette bonne œuvre, et, afin de faire participer à la souscription le plus de bienfaiteurs possible, nous avons résolu d’abandonner entièrement au profit de la souscription du Figaro tout bénéfice sur une magnifique et nombreuse collection de cartes postales que nous avons en préparation, représentant des scènes et types de Bretagne, avec reproductions autographiques des poésies du barde breton Botrelqui, de son côté, nous informe qu’il abandonne avec grand plaisir, en faveur de ses infortunés compatriotes le montant de ses droits d’auteur. Comme en pareille circonstance, il s’agit de venir immédiatement au secours de ceux qui souffrent de la faim, nous vous faisons remettre, dès aujourd’hui, une première somme de deux cents francs, à titre de premier acompte sur le chiffre des bénéfices de la vente des cartes que nous allons éditer, et nous espérons que cette édition deviendra suffisamment populaire pour que nous puissions, en cours de vente, vous renouveler cette offrande encore plusieurs fois, et contribuer à grossir la liste de souscription de votre journal. »[15]

En février, la vente des cartes-postales Au Pays d’Armor permet un second versement de 500 francs, la série ayant « reçu de toutes parts l’accueil le plus chaleureux, non seulement en France, mais partout où le Figaro a des lecteurs, c’est-à-dire dans le monde entier » [16]. À la fin du mois de mars, la maison d’édition envoie à Calmette un chèque de 1276 francs et est heureuse de lui écrire que « la carte postale illustrée, inconnue il y a quelques années et aujourd’hui « reine du monde », aura ainsi pu être utile, aussi modestement que cela soit, à la cause que vous avez prise en main d’une façon si généreuse, ce qui sans doute sera une petite satisfaction aux milliers de collectionneurs de cartes postales qui se trouvent parmi les lecteurs de votre journal, et qui tous dans le monde entier, ont toujours apporté un intérêt bienveillant aux éditions de notre maison »[17].

Au Pays d’Armor

En 1903, la maison « Raphaël Tuck et fils », 6 rue Martel à Paris, - dont dépend la Librairie artistique de la jeunesse, 19 et 21 rue du Paradis-, est une des succursales de la grande maison britannique « Raphael Tuck and Sons ». Elle a son propre gérant, supervisé par Adolphe Tuck (Kozlin, 1854 - Londres, 3 juillet 1926). La maison mère « Raphael tuck and Sons » trouve ses origines dans la boutique créée en 1866 par Raphaël Tuck (Koschim, 17 août 1821- Londres, 16 mars 1900) et son épouse Ernestine Lissner (Koschim, vers 1828-Londres, 4 mars 1895). Ils débutent en vendant des tableaux et des cadres, mais quelques mois après leur arrivée à Londres sur Union Street, Raphaël se spécialise comme distributeur d’impressions d’art graphique comprenant des chromos, des oléographes et des lithographies en noir et blanc. Il est très vite connu pour ses reproductions d’œuvres célèbres et d'art populaire, ainsi que pour ses cartes de souhaits. Tuck travaille essentiellement avec des lithographes allemands. Il implique très vite ses fils, Adolph, Herman (Kozmin, 1849 - Londres, 13 septembre 1909) et Gustave (Kozmin, 1858- Londres, 1942) dans son entreprise. Ils rejoignent la direction en 1870 au moment où la maison d’édition s’installe 177 chemin City. En 1899, elle est déménagée entre Tenter Street et White Street à Moorfields. Le 29 décembre 1940, la Raphael House est détruite par des bombes allemandes, et les originaux de la plupart des séries de cartes postales sont perdus. Chaque carte postale Tuck porte une empreinte des armoiries royales britanniques (le mandat royal de nomination à Sa Majesté la reine Victoria avait été obtenu en 1893), et la marque Tuck, composée d’un chevalet, d’une palette et de brosses, avec le monogramme « R.T. & S. », généralement imprimé dans l’emplacement où le timbre est apposé.

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De la dernière semaine du mois de janvier 1903 à la fin du mois de mars de la même année, tout à chacun pouvait trouver la série « Au Pays d’Armor », composée de 24 clichés différents, vendus par lot de 12 sous enveloppe au prix d’1fr.80, dans les librairies et les commerces habitués à la vente de cartes-postales. Afin d’en faire la publicité, la plupart des journaux locaux reproduisent un article titré « Une édition en faveur des pêcheurs bretons »[18].

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Collections du Musée de Bretagne, enveloppe Au Pays d’Armor, numéro d'inventaire : 2015.0015.63, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182630

Comme stipulé dans le Figaro, chaque cartes portent des poèmes signés par Théodore Botrel (Dinan, 14 septembre 1868-Pont-Aven, 26 juillet 1925). Ses droits d’auteur, de 240 francs, furent directement versés à l’un des « confrères bretons »[19] du journal. Les petits poèmes de quatre vers ont été spécifiquement écrits pour la série.

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Tous les clichés sont des portraits, individuels ou de groupe. Certains semblent être de Charles Géniaux (Rennes, 12 octobre 1870 – Nice, 19 mars 1931). Ils ressemblent pour la plupart à ceux qu'il a publié dans la Revue Mame  entre 1900 et 1902. L’ensemble de ces articles est rassemblé dans La vieille France qui s’en va[20] en 1903.

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2015.0015.64, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182631

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2015.0015.63, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182630

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2015.0015.42, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182612

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2015.0015.63, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182630

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2013.0008.201, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo147999

Les prises de vue datent pour la plupart de 1899, année où Géniaux interrompt son travail sur Paris pour faire un séjour en Bretagne. Avant de partir, il avait écrit à Marie Claire Mazères (Rennes, 6 juillet 1879 – Nice, 16 février 1971), sa future femme : « Il faut que mon prochain séjour en Bretagne m’inspire et que j’en revienne avec des études vraies. Jusqu’ici comme Theuriet et la plupart, j’ai donné dans le sentimentalisme à la George Sand ? C’est faux ! L’observation et ma vision plus exercée me montrent l’erreur : ou bien peindre des bêtes humaines ou des bergers d’Arcadie. Ni l’un ni l’autre ! Il y a un milieu, l’âme simple, et je veux la chercher »[21]. Charles Géniaux utilise de nouveau ses photographies en 1907 dans la revue Le Tour de France de janvier et décembre 1907 ayant pour thème la vie bretonne.

Les autres clichés, dont il n’y a pas d’exemple publié antérieurement à l’édition d’Au Pays d’Armor, peuvent très bien être de Paul Géniaux (Rennes, 28 octobre 1873 – Paris, 21 décembre 1929), frère de Charles, avec qui il s’était installé à Paris comme photographe en octobre 1898. En février 1903, Paul fait publier chez l’éditeur « J.M. Paris »[22] des portraits en photo-bromure dont le cadrage rappel celui de certaines des cartes-postales éditées « pour soulager la misère bretonne ».

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Collections du Musée de Bretagne, Nos Bretons, numéro d'inventaire : 2015.0015.114, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182681

Le travail des frères Géniaux se retrouve dans une autre série éditée par la maison Raphaël Tuck et fils, composée de 12 cartes intitulées « Scènes Bretonnes », mise en vente avant novembre 1903. Ces cartes font partie de la collection « un mot à la poste » spécialement créée pour les collectionneurs français[23]. Là encore, certains clichés rappellent ceux utilisés dans la Vieille France qui s’en va. Les Scènes Bretonnes sont comme des tableaux vivants qui montrent une ou plusieurs personnes qui posent en extérieur ou dans des intérieurs bretons : le photographe a voulu reproduire des scènes spontanées et en mouvement de la vie quotidienne, mais il a en réalité fait poser ses modèles dans la pure tradition du sujet pittoresque.

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2015.0015.93, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182663

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La série Au Pays d’Armor donne une image qui contraste fortement avec les descriptions que livrent une grande partie des articles parisiens sur les conditions de vie sur le littoral breton pendant la crise, textes largement inspirés de l’image noire de la Bretagne construite par les récits de voyage des 18ème et 19ème siècle qui ont décrit les cités portuaires comme arriérées et comme les réceptacles de la sauvagerie de la population[24]. En janvier 1903, les journalistes insistent sur la déchéance des habitants de la côte, allant jusqu’à les déshumaniser en les dépeignant comme des animaux. Quand les familles de pêcheurs ne sont pas décrites dévorant des herbes gluantes dans des tanières sombres[25], elles sont portraiturées en train de se jeter dans un champ pour « arracher la terre des troncs de choux et les dévorer comme des bêtes »[26]. Les cartes-postales d’Au Pays d’Armor évitent l’écueil misérabiliste et montrent de beaux portraits de Finistériens et de Morbihanais. La série fait presque écho aux propos de Rémy Saint-Maurice[27] dans L’Illustration du 24 janvier 1903, qui clame qu’en Bretagne, « la misère ! si vous cherchez à la voir dehors, vous perdez votre temps.»[28].

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2018.0037.71, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo312719

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2013.0008.227, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo303608

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2013.0008.192, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo147983

Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2018.0037.37, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo312686

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2018.0037.64, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo312713

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2015.0015.63, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182630

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 994.0069.3, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo213683

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Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2015.0015.45, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182616

Collections du Musée de Bretagne, numéro d'inventaire : 2015.0015.64, permalien de la notice : http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/83011/FLMjo182631

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Collection particulière.

L’année 1903 a été particulièrement importante pour la renommée en France de la maison Raphaël Tuck et fils. Au Pays d’Armor n’a d’ailleurs pas été la seule série éditée dans le cadre d’une souscription leur permettant de se faire connaître des collectionneurs de cartes-postales. Le 26 mai, le journal Le Matin a en effet lancé une souscription pour l’expédition en Antarctique du Docteur Jean-Baptiste Charcot (Neuilly-sur-Seine, 15 juillet 1867 – mort en mer, 16 septembre 1936). Charcot prit l’engagement de remettre, à son retour du Pôle Sud « un album de photographies et vues les plus curieuses qu’il aura réuni durant son voyage à toute les personnes qui auront souscrit une somme de 100 francs »[29] et d’envoyer aux personnes qui auront souscrit une somme minimum de 2 francs une carte-postale de son trois-mâts goélette baptisé Le Français de Punta-Arenas[30], dernière escale avant son entrée dans les glaces[31].La maison Raphaël Tuck et fils a donc édité une série de six cartes-postales[32] avec des clichés de Paul Boyer (Toulon, 27 septembre 1861 – Paris, 20 décembre 1952)[33], qui contrairement à celles d’Au Pays d’Armor,ne pouvaient pas se trouver dans les commerces, car elles étaient exclusivement publiées pour les souscripteurs.

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"Carte postale éditée comme souvenir de l'Expédition antarctique du Dr. Charcot, par la maison Raphaël Tuck & Fils. - Paris", collection particulière.





[1] Ouest-Éclair, 24 décembre 1902.

[2] Ouest-Éclair, 24 décembre 1902.

[3] Cité par Fichou (J.-C.) dans « La crise sardinière de 1902-1913 au cœur des affrontements religieux en Bretagne », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 116-4 | 2009, mis en ligne le 30 décembre 2011, consulté le 06 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/abpo/639 ; DOI : 10.4000/abpo.639

[4] Ouest-Éclair, 24 décembre 1902.

[5] Fichou (J.-C.), « La crise sardinière de 1902-1913 au cœur des affrontements religieux en Bretagne », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne], 116-4 | 2009, mis en ligne le 30 décembre 2011, consulté le 06 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/abpo/639 ; DOI : 10.4000/abpo.639

[6] La Vie Illustrée, 23 janvier 1903.

[7] La Lanterne, 17 janvier 1903.

[8] Le Finistère, 10 décembre 1902.

[9] Le Finistère, 10 décembre 1902 et L’Aurore, 20 janvier 1903.

[10] Théophile Janvrais est le pseudonyme de Pierre Ambroise Théophile Pélicot, également connu sous le pseudonyme de René d’Ys. Il est né à Montours le 20 novembre 1865. Il décède probablement à Pléneuf avant 1949. Entre 1885 et 1889, il est instituteur à Bruz. En 1895, il est domicilié à Plénée-Jugon. En 1902, il publie Nos marins-pêcheurs : leur alcoolisme ; les abris du marin, Paris, A. Challamel, 24 p. Il est répertorié comme homme de lettre à Rostrenen en 1905, même si ces adresses officielles sont le manoir Les Trois-Vergers à Montours et 11 rue Louis-le-grand à Paris.

[11] Ouest-Éclair, 24 décembre 1902.

[12] Le Courrier du Finistère, 10 janvier 1903.

[13] Le Figaro, 13 janvier 1903.

[14] Courrier de Saône-et-Loire, 19 janvier 1903 ; Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, 14 janvier 1903.

[15] Le Figaro, 18 janvier 1903.

[16] Le Figaro, 28 février 1903.

[17] Le Figaro, 30 mars 1903.

[18]« Une Edition en faveur des pêcheurs bretons. La France entière, vivement émue à la révélation de la profonde misère qui sévit actuellement sur le littoral breton, s’empresse de venir en aide aux malheureux pêcheurs et chacun tient à cœur de participer au succès de l’œuvre de charité. Parmi ces divers projets, nous tenons à signaler celui que viennent de mettre en exécution les Editeurs Raphaël Tuck et fils, de Paris, si universellement connus, dont l’idée nous paraît devoir obtenir un succès d’autant plus grand qu’elle permettra à tous – habitants des villes ou des campagnes le plus éloignées – de faire parvenir leur obole aux déshérités bretons, ce qui on le reconnaîtra est moins possible par les fêtes ou représentations où le public est en nombre obligatoirement restreint. MM. Raphaël Tuck et fils ont décidé d’éditer, au bénéfice des pêcheurs qui souffrent de la faim, une superbe collection de cartes postales illustrées représentant des scènes et types de Bretagne avec reproductions de poésie du barde armoricain Théodore Botrel, collection qui sera mise en ventre dans toute la France, chez les vendeurs habituels de cartes. Si l’on considère la très grande vogue dont jouit actuellement la carte postale illustrée, il est facile de prévoir que l’intéressante collection de MM. Raphaël Tuck et fils recevra partout bon accueil et obtiendra tout le succès que mérite une idée aussi généreuse ; tous les bénéfices résultant de la vente servant à soulager la misère, ce sera une nouvelle preuve de services utilitaires que peut rendre la Carte postale illustrée, celle que ses fervents appellent la « Petite Reine », dont on ne saurait se servir en meilleur occasion », Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne, 23 janvier 1903.

[19] Le Figaro, 30 mars 1903.

[20] Géniaux (C.), La vieille France qui s’en va, Tours, A. Mame, 1903, 288p.

[21] Cité Claire Géniaux dans « Charles Géniaux », in Bretagne, mai 1937, p. 133.

[22] J. Marchand, 2 rue du Renard à Paris.

[23] L’Express du Midi, 29 août 1901.

[24] Cailloux (D.),Les Mystères de l’Ouest : les représentations des bas-fonds portuaires dans l’ouest

de la France (XIXe-XXe siècles). Histoire. Université Panthéon-Sorbonne - Paris I, 2016. HAL Id: tel-01907926

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[25] « Dans une sorte de tanière froide et sombre, j'ai aperçu autour d'une table un homme, une femme et deux enfants qui gloutonnent, dévorant du varech, des herbes gluantes où quelques maigres coquillages s'attachaient. Leur pitié avait épargné au plus jeune enfant l'horreur de ce repas : couchée dans une cage en bois, une petite fille de deux ans mordait dans un morceau de pain noir, le dernier de la maison. » Austin de Croza (1866-1937), « La grande misère en Bretagne », in La Revue, 1903, cité in Dubois (X.), La révolution sardinière. Pêcheurs et conserveurs en Bretagne Sud au XIXe siècle, Rennes, PUR, 2004, p. 553. « La misère est telle parmi les populations maritimes de Bretagne, qu'elle dépasse toute imagination. On a vu des enfants manger du pain noir trempé dans de l'eau mêlée de suif. On a vu aussi une famille dévorer du varech, des herbes gluantes où quelques maigres coquillages s'attachaient. Une petite fille de deux ans grignotait le seul morceau de pain noir qui restait dans la maison », in Église d'Albi : la semaine religieuse de l'Archidiocèse d'Albi : organe officiel hebdomadaire de l'archevêché, 24 janvier 1903, p. 57.

[26] Le Figaro, 13 janvier 1903.

[27] Marie Alfred Maurice Diard dit Rémy Saint-Maurice (Calviac-en-Périgord, 23 septembre 1864- ?)

[28] L’Illustration, 24 janvier 1903.

[29] Le Matin, 28 mai 1903.

[30] Les responsables de l’expédition obtinrent le timbre à date du responsable du bureau de poste d’Ushuaia, de sorte que le bureau de poste était à bord du Français dès le 13 janvier 1904. Les cartes postales envoyées d’Ushuaia par la mission Charcot ont, pour la très grande majorité, la mention imprimée carte postale rayée et remplacée par la mention manuscrite Imprimé ou Impreso ou une griffe linéaire en espagnol Impreso permettant ainsi la tarification réduite. Chaque carte de la souscription ayant voyagé à bord du Français jusqu’à Ushuaia reçoit un mot manuscrit et la signature de Charcot, en remerciement au souscripteur.

[31] Le Matin, 29 mai 1903.

[32] Lancement du Français - Le discours du préfet à bord ; Le lancement du Français à Saint-Malo ; Le Français à l’ancre après le lancement ; Le Français dans le port de Saint-Malo après le lancement ; Le docteur J.-B. Charcot, Commandant de l’Expédition Antarctique Française ; 6. Les Membres de l’état-major du Français.

[33] Paul Joseph Anatole Boyer, photographe depuis 1887, domicilié 35 boulevard des Capucins à Paris.