Peu de photo-cartes et de cartes-postales illustrées par les travaux photographiques de Jean-Baptiste et Rose Fougère nous sont parvenues, mais il est indéniable qu’en recontextualisant leur création, elles témoignent d’une période où l’image est devenu un moyen pour faire connaître le patrimoine breton et sensibiliser à sa protection.
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Cet article contient des images issues des collections du Musée de Bretagne à Rennes (Marque du domaine public)
Jean-Baptiste Fougère (Champrenault, 24 avril 1833-Morlaix, 1er août 1898), fils de Jean Fougère (1801-1833), scieur de long et de Magdeleine Rollet (1804 - ?), lingère, s’installe 15 rue du Bourret à Morlaix chez son épouse Marie Rose Le Terrien (Morlaix, 22 août 1836-1920) après leur mariage à Champrenault, le 3 juin 1862. Rose est la fille d'Yves Le Terrien, cavalier d'ordre des douanes (absent, décédé avant 1876) et de Rosalie Françoise Maurel, commerçante (1809-1876).
À son arrivée à Morlaix, Jean-Baptiste est employé au chemin de fer. Il devient ensuite agent voyer. Il semble avoir pratiqué la photographie de manière professionnelle dès les années 1880. Son premier atelier la « Photographie Bretonne »[1], rue Bourret, avait une succursale à Landivisiau. Avant 1886, il déménage place Thiers, au numéro 29, au-dessus du Grand Café de La Terrasse. Son atelier prend alors le nom de « Photographie du Grand Café de la Terrasse ».
Dos de carte "format carte de visite", Photographie Bretonne, collection privée.
Le Grand Café de la Terrasse place Thiers à Morlaix, cartes postales, début du 20e siècle, collections privées.
Certes portraitiste de studio, il est surtout apprécié pour ses vues de Bretagne. En octobre 1887, il obtient une médaille de bronze, grand module, à l'exposition internationale de Toulouse. La Dépêche de Brest explique qu'il s’agit d’« un succès à la fois artistique et industriel, dont le mérite n’échappera à personne, car les meilleurs praticiens de l'Europe entière avaient envoyé à Toulouse leurs plus belles productions »[2]. Fougère est récompensé pour son recueil de Vues de Bretagne, composé de clichés de « sites grandioses et pittoresques, de monuments curieux et typiques »[3] pris au Huelgoat, à Saint-Herbot, Plougastel et Saint-Thégonnec.
Dos de cartes "format carte de visite", Photographie du Grand Café de la Terrasse, collections privées.
En avril 1888, il fait publier dans le Monde Illustré une photographie de la troupe des artistes de Pluzunet du mystère de Sainte Tryphine[4]. Il participe la même année à l'exposition internationale de Barcelone où il reçoit une nouvelle médaille et où il est chevalier de San-José del Tajo « por el merito comercial »[5].
« Le mystère de Sainte Tryphine à Morlaix - La troupe des artistes Bretons de Pluzunet », in Le monde Illustré, 21 avril 1888, n°1621, p. 249.
En 1894, il gagne une médaille d’or à l’exposition industrielle et commerciale de la région de l'Ouest qui se tient à Moncontour pour « ses beaux clichés des monuments bretons »[6].
Dos de carte "format carte de visite", Photographie du Grand Café de la Terrasse, collection privée.
À sa mort en 1898, Rose prend la direction de l'atelier de photographie. Elle met en vente des cartes de format 10x13 cm qui présentent 30 costumes bretons. Ces photographies composites de Rose Fougère, obtenues comme les photos-mosaïques d'André Disdéri (1819-1889), étaient clairement destinées aux touristes. Disdéri, qui avait breveté le procédé du portrait au format carte de visite le 27 novembre 1854, avait déposé celui de la carte photo-mosaïque le 23 avril 1863. Les photos-mosaïques étaient obtenues en assemblant des sujets photographiés séparément. Fougère a utilisé des photographies au format carte de visite des années 1860-1870 de divers autres photographes bretons dont Joseph Villard (1838-1898) qui exerçait rue des Gentilshommes, puis rue Kéréon à Quimper et Eugène Foulquier (1801-1899) qui avait un atelier 20 rue du Parc à Quimper.
Bretagne Armorique terre des anciens Celtes, Rose Fougère - Marque du Domaine Public - Collection Musée de Bretagne, Rennes http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/8301...
En 1900, elle travaille sous le nom de Veuve Fougère comme photographe-éditeur et vend des albums de vues de la ville de Morlaix[7], des plaquettes photographiques de petit format imprimées chez Delagrange et Magnus à Besançon[8], ainsi que des cartes postales sous la mention « Collection Fougère » ou « Vve Fougère. Phot. Morlaix ». Avant de travailler pour l’éditeur de cartes-postales Armand Waron (1868 1956) de Saint-Brieuc, elle collabore avec Auguste Germain (1868 -1907) de Saint-Malo.
Morlaix venelle au Créou, collection A. Waron, St-Brieuc- Phot. Fougère, Morlaix - Marque du Domaine Public - Collection Musée de Bretagne, Rennes, http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/8301...
Outre la diffusion de vues, de sites et de monuments historiques, clichés pour certains issus du fonds photographique de son mari, elle se spécialise dans la photographie de portrait en atelier, plus particulièrement dans les types bretons de Morlaix et de ses environs. La série de cartes-postales « La Bretagne Pittoresque » de Waron lui doit d’ailleurs plusieurs illustrations comme la « Vieille Porteuse d’eau de Morlaix », dont certains clichés seront aussi réutilisés pour la collection des « Types Bretons ». Les Vieilles porteuses d’eau de Morlaix, surtout quand elles fument la pipe, vont vite devenir des figures pittoresques de la Bretagne et nombre de photographes et d’éditeurs vont s'intéresser à elles.
Morlaix vieille porteuse d'eau fumant sa pipe, collection A. Waron, St-Brieuc- Phot. Fougère, Morlaix - Marque du Domaine Public - Collection musée de Bretagne, Rennes, http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/8301...
Dans le domaine de la carte postale, la Collection Fougère sur « Le Vieux Morlaix » se compose surtout de reproductions de lithographies du 19ème siècle, dont la plus connue est celle du Pavé. Déjà dans les années 1830, Prosper Mérimée (1803-1870) stipulait que « plusieurs tableaux et des lithographies ont déjà fait connaître quelques rues de Morlaix »[9]. En 1842, le Guide pittoresque d’Eusèbe Girault de Saint-Fargeau (1791-1855) précise : « on voit encore, dans plusieurs quartiers, des façades ornées de sculptures, et des intérieurs très remarquables, dont plusieurs ont été reproduits en lithographies par MM. Rouargue et Saint-Germain»[10].
Vieux Morlaix, Le Pavé, Collection Fougère, carte postale, collection privée.
Ce sont ces images d’Adolphe Rouargue[11] et Prosper Saint-Germain[12] que Rose Fougère publie, dessins lithographiés par l’imprimeur-libraire morlaisien Victor Guilmer[13] comme le stipule le texte de l'Histoire de Morlaix paru en 1879 : « Le Pavé était naguère le quartier où semblait revivre le XVe siècle. À l'extrémité se dressait la porte de Bourret avec son pont-levis, ici s’élevaient les murs avec leurs créneaux et leurs mâchicoulis, là on voyait la Tour-d’Argent, masse imposante avec sa couronne crénelée, où, dit-on, les ducs battaient monnaie ; des deux côtés se voyaient de vieilles maisons à pignons pointus, à poutres saillantes, à étages surplombants, à vitrages enchâssés dans du plomb. Tout cela a disparu sous le marteau du démolisseur. Les plus curieuses de ces maisons ont été dessinées par MM. Rouargue, Saint-Germain et Penguilly qui les ont fait lithographier chez M. Guilmer »[14].
À travers son utilisation d'œuvres anciennes représentant les rues anciennes ou disparues, Rose Fougère témoigne d’une très grande sensibilité patrimoniale vis-à-vis du bâti ancien, sans doute influencée par son mari et ses relations. En effet, il a été un des membres correspondants de la Société des Monuments Parisiens après 1894.
Dos de carte "format carte de visite", Photographie du Grand Café de la Terrasse, collection privée.
Cette société, fondée officiellement le 27 avril 1885 par Charles Normand (1858-1934)[15] était une association parisienne fédératrice, originale et innovante pour la conservation du vieux Paris et la lutte contre le vandalisme[16], « l'indifférence ou la négligence publique »[17]. Constituée « dans le but de veiller sur les monuments d’art et sur la physionomie artistique de Paris »[18], l’association était composée d’un « noyau d’hommes dévoués, signalant en temps opportun les destructions imminentes, usant de leur crédit pour empêcher la dévastation de se produire »[19]. L’un des buts était de « créer dans la nation un sentiment populaire de préservation des œuvres d’art ». Son activité se concentrait surtout sur la sensibilisation par l’appel à l’opinion, la diffusion et la vulgarisation des connaissances - surtout grâce à la publication de son bulletin- et à l’organisation d’excursions d’érudits, d’artistes et d’amateurs. Elle jouait également un rôle important dans l’habitude de prendre des photographies avant démolition. L’action portait à la fois sur le bâti ancien et sur l’aspect général de la ville afin de concilier le développement urbain avec la conservation du bâti ancien. L’association avait donc un regard sur les productions de son temps.
Comme l’explique Jean de Foville (1877-1915) : « En 1884, se fondait la Société des amis des monuments parisiens, dont le secrétaire général, M. Charles Normand, organisait une propagande utile. Il réussissait si bien d’ailleurs qu’en 1887 il fondait en outre le Comité des monuments français, et une revue qui devenait l’organe de ce comité : l’Ami des monuments. Dans chaque numéro, il s’efforçait de faire connaître tous ces monuments du passé épars sur le sol de la France, et de recueillir les protestations contre le vandalisme qui les menace sans cesse »[22]. Le bulletin s’avère riche d’articles et de chroniques dont la plupart sont illustrés de lithographies ou de dessins tirés d’ouvrages de référence ou de grands recueils d’architecture. Certaines rubriques concernent les bâtiments menacés de destruction ou les démolitions qui n’ont pu être évitées ; elles sont intitulées « Paris qui s’en va » ou « Paris qui disparaît », illustrées de dessins ou de photographies dont les légendes soulignent l’amertume des membres de la Société face aux destructions ou à la transformation de la physionomie des quartiers[23]. Par exemple, en 1896, Charles André Laugier (1847-1917)[24], publie un article de Jules Claretie daté de 1881 « qui méritait bien, à tous les points de vue, d’être rappelé, à toutes fins utiles »[25] en faveur de la protection de la ville ancienne, article qui plaidait d’ailleurs pour la sauvegarde de la maison dite de la Duchesse Anne à Morlaix, classée en 1883 au titre des monuments Historiques. Laugier pense à juste titre que l’article est d’actualité car il explique qu’« on abat tout aujourd’hui, non seulement à Paris, mais en France, dans toute la France. Nous sommes en proie à une rage spéciale, la rage du neuf. […] A Morlaix, j’ai vu une admirable maison en bois, à lanterne et à pignon, qu’on dit être la maison de la duchesse Anne de Bretagne. Quoi qu’il en soit, c’est un joyau architecturel. Eh bien, on va l’abattre quelque jour, parce qu’elle n’est plus dans l’alignement. Je le crois bien, depuis le XVe siècle ! La ville n’aurait qu’à l’acheter, à en faire un musée, à la sauver, - ah bien, oui ! Elle sera débitée quelque jour, la maison de la duchesse Anne, morceau par morceau, pour la plus grande joie des revendeurs d’antiquailles, et ses débris vont armer le château de quelque financier »[26].
Maison de la Reine Anne, Morlaix, carte postale G.F. (Germain Fils) Vve Fougère, Phot., Morlaix, collection privée.
Maison de la Reine Anne, collection A. Waron, St Brieuc - Phot. Fougère, Morlaix, - Marque du Domaine Public - Collection musée de Bretagne, Rennes,http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/8301...
En tant que correspondant de la Société des Monuments, Fougère est un témoin de la création des premiers groupements de sauvegarde du patrimoine. Alors que le thème de la disparition de la Bretagne antique, de la vieille Bretagne, devient prépondérant, le pittoresque commence à constituer un des fondements historique et culturel de la sauvegarde du bâti. Son invention résulte d’un cheminement culturel, dont la fin du 19ème siècle marque la maturation. Dans la genèse de la notion de pittoresque breton, deux approches se sont succédé : tout d’abord, dans les années 1830, une perception artistique de la Bretagne, qui se traduit par la valorisation des bâtiments anciens, de l’antiquité au 17ème siècle, et notamment du tissu médiéval ; puis sous le Second Empire, une perception topographique plus historique, qui vise à reconstituer l’histoire des lieux dénaturés ou supprimés par les grands travaux. Les doléances des érudits reposent dès lors sur cet argument historique, beaucoup plus que sur une mise en avant des qualités artistiques des constructions disparues. La vieille ville accède au rang de modèle urbain, tant pour ses caractéristiques historiques qu’artistiques, voire esthétiques. À partir de 1884, avec la création des Amis des Monuments parisiens, l’approche historique héritée du Second Empire se trouve englobée dans une approche patrimoniale qui consacre la ville ancienne comme entité historique, archéologique, urbaine et artistique, désormais digne d’être conservée dans sa matérialité et non plus seulement étudiée. Les Fougère ont connu les transformations de leur ville, mais aussi les premiers classements et actes de sauvegarde des bâtiments les plus emblématiques de Morlaix, comme la Maison de la Reine Anne, sauvée grâce à l’intérêt manifesté tout au long du 19ème siècle, d’abord par Prosper Mérimée (1835)[28], puis par le baron Olivier de Wismes (1850)[29], Adolphe Allier (1879)[30] et Albert Robida (1891)[31], ami de Charles Normand[32]. Dans son ouvrage sur la Bretagne, publié en 1891, Robida dresse un tableau pittoresque mais suffisamment précis de Morlaix, une cité mutilée par les travaux d'urbanisme en cours. : « Morlaix. Une des plus pittoresques situations de ville qui se puisse rêver dans le plus accidenté et le plus charmant des paysages, une des plus curieuses, des plus intéressantes cités de Bretagne, ayant encore, malgré la malfaisance manie de transformations inutiles, gardé de grands restes de sa physionomie d’autrefois, séduisante encore par les nombreuses traces d’une beauté très personnelle et très étrange, par tout ce que le temps a çà et là par hasard ajouté, par ses vieux souvenirs, par son antique Grande-Rue intacte encore et par ses venelles fantastiques, par les particularités d’architecture intérieure de ses vieilles maisons, par sa rivière coulant entre les collines escarpées qu’escaladent les ruelles et les jardins, et par le gigantesque viaduc chevauchant les vieux toits d’une colline à l’autre, enjambant la rivière et les mâts des navires, et lançant vertigineusement dans l’espace ses aériennes locomotives par-dessus les pignons gothiques, par-dessus le clocher de Saint-Melaine, telle est la cité de Morlaix, étrange, pittoresque et gracieuse, la perle du pays de Léon »[33].
Morlaix rue des Lavoirs - Marque du Domaine Public - Collection Musée de Bretagne, Rennes - http://www.collections.musee-bretagne.fr/ark:/8301...
Sa série de livres sur La Vieille France parue entre 1890 et 1893 s’inspire en grande partie de l’exploration méthodique des provinces françaises des Voyages pittoresques et romantiques dans l’Ancienne France de Taylor et Nodier[34]. Robida affirme d’ailleurs qu’il fait un pèlerinage artistique aux bonnes villes de la vieille France afin de révéler « tout ce qui subsiste encore de noble et de brave, de grand et de pittoresque dans l’héritage dilapidé d’un magnifique passé »[35]. Le choix du titre, La Vieille France, n’est pas sans rappeler l’article de Victor Hugo, « Guerre aux démolisseurs », où il déplore la « démolition de la vieille France »[36], passage d’ailleurs cité dans l’article de Claretie évoquant Morlaix. Cet esprit nostalgique se retrouve dans la série de cartes postales du « Vieux Morlaix » de Rose Fougère, mais également dans les clichés qu’elle fournit à Armand Waron pour « La Bretagne Pittoresque ».
[1] À ne pas confondre avec l’ancienne Maison Beuscher dirigée par L. De Larcher 23 rue du Bourret.
[2] La dépêche de Brest, 24 octobre 1887.
[3] Ibid.
[4] « Le mystère de Sainte Tryphine à Morlaix - La troupe des artistes Bretons de Pluzunet », in Le monde Illustré, 21avril 1888, n°1621, p. 249.
[5] La Résistance, 4 mai 1889.
[6] La Résistance, 22 septembre 1894.
[7] Publicité dans Le Réveil Morlaisien, 11 octobre 1902.
[8] Mme Vve Fougère, photographe-éditeur, Phototypie Delagrange & Magnus Besançon, vers 1900, plaquette petit fomat oblong in16, 12 reproductions photographiques n&b.
[9] Mérimée (P.), Notes d’un voyage dans l’Ouest de la France, Paris, Librairie de Fournier, 1836, p. 153-154.
[10] Girault de Saint-Fargeau, Guide pittoresque, portatif et complet, du voyageur en France, Paris, F. Didot Frères, 1842, p.242.
[11] Rouargue Adolphe (1810-1885), peintre, lithographe et graveur, né à Paris. Il a été l’élève de David d’Angers et d’Alexandre Colin et, à partir de 1831, il devient un habitué des salons artistiques, présentant des marines et des aquarelles. Dès 1837, il fait éditer Venise dessinée et lithographiée, avant de collaborer au journal L’Illustration dans les années 1843-1860. Il publie des récits de voyages pittoresques en Espagne, en Italie, en Suisse, ainsi que des ouvrages dans l’air du temps : La France monumentale, La Loire historique, Paris et ses monuments, La France ancienne et moderne. Il collabore également au Tour du monde illustré et au Magasin.
[12] Jean-Baptiste Prosper Marie dit Prosper Saint-Germain (1804-1875), né à Paris. Il grandit à Morlaix où son père travaille à la manufacture des Tabacs. Il est un ami d’enfance d’Émile Souvestre. Il installe un cours de dessin en 1839 chez son beau-frère Louis-Marie Le Pichon, enseignant, au numéro 5 Grand Venelle (in La Feuille d’Annonce de Morlaix, 8 juin 1839). En février 1842, la librairie Guilmer, met en vente Souvenirs de Bretagne, scènes intimes dessinées d’après nature et lithographiées à plusieurs teintes par Saint-Germain (publiés à Paris par Jeannin).
[13] Archives Nationales F18 1916 : Guilmer Victor Marie (Morlaix, 12 juin 1798 – Morlaix, 29 juin 1867), fils de François Guilmer (1760-1819) et Marie Jeanne Nicole (1769-1824 ; marié le 17 novembre 1824 à Morlaix avec Yvonne Marie Cailar (1798-1888) ; breveté le 22 novembre 1831 et le 2 février 1835. Il est petit-fils de libraire et fils d'imprimeur libraire. A la mort de son père, sa mère a repris l'imprimerie et les brevets. Elle démissionne du brevet de typographe en faveur de son fils en 1820 ; son brevet de libraire est transféré à celui-ci quand elle meurt en 1831. Il justifie ainsi sa demande d'un brevet de lithographe : « Je ne fais que des ouvrages de ville et la lithographie envahit cette partie de l'art typographique ». Il est l'imprimeur de la Sous-Préfecture et il a "plusieurs fois refusé le service de ses presses à la publication d'écrits dictés par l'esprit des partis". Il est condamné le 7 novembre 1855 à payer une amende de 3 000 F pour défaut d'adresse sur une liste de candidats, mais le Sous-Préfet plaide l'indulgence et remise complète lui est faite de l'amende en janvier 1856.
[14] Daumesnil (J.), Allier Adolphe, Blois Aymar de (annot.), Alexandre Charles-Émile (préf.), Histoire de Morlaix, Morlaix, A. Lédan, 1879, p. 506.
[15] Fils de l’architecte Alfred Normand (1822-1909), ami d’Albert Robida (1848-1926).
[16] La Société a eu une existence éphémère de 1885 à la mort de son fondateur Charles Normand, fonctionnant sur un capital dû à la générosité de ses membres et de modestes cotisations en accord avec son esprit de vulgarisation.
[17] « Coup d’œil sur les actes de la société », Bulletin de la Société des Amis des Monuments Parisiens, tome XII, 1901, p.182.
[18] « Statuts. Article premier », in Bulletin de la Société des Amis des Monuments Parisiens, 1885, tome 1, p.1.
[19] Normand (C.), « Aux amis des Monuments et des Arts », L’Ami des Monuments et des Arts, tome VII, 1893, p.7.
[20] Quarante et un bulletins ont été édités en tout, rendant compte des destructions, des actes de vandalisme, mais également des découvertes archéologiques et des manifestations culturelles et de l’évolution de la législation touchant à la conservation des monuments et de la préservation des paysages.
[21] Sur la page de titre du bulletin de la Société, un des sous-titres précise l’étendue de l’acceptation du mot « monument » : architecture, peinture, sculpture, curiosités et souvenirs historiques. Cette énumération montre bien que pour les Amis des Monuments parisiens, le monument ne se définit pas seulement par sa dimension artistique et formelle, ici perceptible à travers la mention des grandes catégories que sont l’architecture, la peinture et la sculpture. Les termes curiosités et souvenirs historiques font en effet appel à une dimension historique et mémorielle qui prime sur les considérations esthétiques. Ceci fonde une définition du monument plus documentaire et historique, qui s’oppose également à une vision hiérarchisée du patrimoine.
[22] Foville (J. de), « Villes d’art », in Le Correspondant, Paris, V.-A. Waille, 1906, p. 795.
[23] Les Amis des Monuments parisiens développement le concept de physionomie artistique de la ville pour désigner une approche urbaine englobant la conservation d’ensembles anciens, l’aménagement de la ville et sa mise en valeur esthétique. Leur défense de la physionomie de la ville se mesure à leur opposition à des projets qui ne touchent pas en soi aux monuments mais modifient leur entourage. Ils contribuent ainsi à lancer l’idée d’ensembles indissociables et d’espaces urbains à préserver.
[24] Charles André Laugier (Paris, 10 octobre 1847 – Paris, 2 juin 1917), haut fonctionnaire, membre de la Commission du Vieux Paris (1897) ; membre du conseil d’administration de la Montagne Sainte-Geneviève et ses abords (1899) ; de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France (1896-1917) et de la Société des amis des monuments parisiens (1885-1900)
[25] Bulletin de la Société des amis des monuments parisiens, 1896, vol. 10, p. 135
[26] « La vie à Paris. Paris qui s’en va. – L’hôtel de Sens. – Un monument à sauver. – Victor Hugo et sa guerre aux démolisseurs », article de Jules Claretie (1840-1913) ; membre avec Charles Normand de la Commission du Vieux Paris) publié dans le journal Temps, 22 septembre 1881, in Bulletin de la Société des amis des monuments parisiens, 1896, vol. 10, p. 133
[27] Citation tirée de Loudun (E.), La Bretagne, paysages et récits, Paris, P. Brunet, 1861, p. 237.
[28] Prosper Mérimée (1803-1870) est nommé Inspecteur général des Monuments historiques et des Antiquités nationales en 1834. De cette date à 1840, il mène quatre tournées d'inspection, à l'origine d'une première liste de 1034 monuments à sauvegarder.
[29] « Congrès de Morlaix de la classe d'archéologie de l'Association bretonne, 6-13 octobre 1850 », in Bulletin archéologique de l'Association bretonne 3e volume, 1851, p. 158-194. Héracle Jean-Baptiste Olivier de Blocquel de Croix, baron de Wismes (1814-1887), archéologue, critique d’art et artiste, membre correspondant de plusieurs sociétés savantes, dont la Société archéologique de Nantes.
[30] Adolphe Allier (1835-1905), bibliothécaire de la ville de Morlaix in Daumesnil (J.), Allier Adolphe, Blois Aymar de (annot.), Alexandre Charles-Émile (préf.), Histoire de Morlaix, Morlaix, A. Lédan, 1879, p. 505-516.
[31] Albert Robida (1848-1926) est l’auteur, le dessinateur et le lithographe de La vieille France Bretagne, ouvrage paru à la Librairie illustrée en 1891. C’est un véritable hommage à l’architecture ancienne des villes de Bretagne, exprimant une nostalgie face à l’art urbain du Moyen-Age et de la Renaissance qui n’est pas sans rappeler le discours de la Société des amis des monuments parisiens sur la disparition des vieux quartiers et l’enlaidissement de la ville. Il évoque avec nostalgie les arts décoratifs désormais perdus, l’esthétique urbaine révolue.
[32] Il dédie à Charles Normand son livre Paris de Siècle en Siècle, Paris, Librairie illustrée, 1895 : « À mon ami Charles Normand, Parisien de Paris, Secrétaire général des Amis des Monuments Parisiens, toujours sur la brèche pour la défense des intérêts artistiques de Paris toujours menacés ».
[33] Robida (A.), La Vieille France. Bretagne, Paris, La librairie illustrée, 1891, p. 158-159.
[34] Nodier (C.), Taylor (J.), Cailleux (A. de), Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, Paris, A.-F. Lemaître, 1857, 5 vol.
[35] « Préface », in La Vieille France. Normandie, Paris, La librairie illustrée, n. p.
[36]« Il faut le dire, et le dire haut, cette démolition de la vieille France, que nous avons dénoncée plusieurs fois sous la Restauration, se continue avec plus d’acharnement et de barbarie que jamais [...] nous posons en fait qu’il n’y a peut-être pas en France à l’heure qu’il est une seule ville, pas un seul chef-lieu d’arrondissement, pas un seul chef-lieu de canton où il ne se médite, où il ne se commence, où il ne s’achève la destruction de quelque monument national... Chaque jour quelque vieux souvenir de la France s’en va avec la pierre sur laquelle il était écrit. Chaque jour nous brisons quelque lettre du vénérable livre de la tradition » in Revue des Deux Mondes, tome 5, livraison du 1er mars 1832, p. 607.